Le charme des 9 herbes sacrées : le murmure des anciens secrets 

Dans les traditions anciennes, les plantes ont toujours occupé une place centrale, à la fois comme remèdes pour le corps et symboles de connexion spirituelle avec la nature. L’une des légendes les plus fascinantes est celle des Neuf Herbes Sacrées, évoquée dans l’incantation anglo-saxonne du “Nine Herbs Charm”. Ce texte, issu d’un manuscrit médicinal du IXe ou Xe siècle, appelé Lacnunga, mêle savoirs païens et influences chrétiennes. Il nous plonge dans l’univers mystique d’Odin, dieu nordique de la sagesse et de la magie, et révèle la puissance des plantes dans la guérison.


| Odin et la sagesse des plantes

Dans cette incantation, Odin est dépeint comme un maître guérisseur. Selon la légende, il aurait transmis le secret des neuf herbes sacrées, capables de soigner les blessures, de chasser les poisons et de protéger contre les maléfices. Ces plantes ne sont pas choisies au hasard : chacune possède des vertus médicinales spécifiques et une forte charge symbolique.

| Les Neuf Herbes et leurs bienfaits

Armoise (Mugwort, Artemisia vulgaris)

Artemisia vulgaris

• Propriétés : Cette plante est connue pour ses vertus purifiantes, digestives et régulatrices des cycles féminins. Elle est aussi utilisée pour favoriser les rêves lucides et calmer les troubles nerveux.

• Symbolique : Associée aux voyages, aussi bien physiques que spirituels, l’armoise est une plante protectrice qui ouvre les portes entre les mondes.

• Applications modernes : Utilisée en moxibustion (médecine chinoise), infusions et huiles essentielles.

Plantain (Plantago, Plantago major)

Plantain lancéolé – Plantago lanceolata
Plantain majeur ou Grand plantain – Plantago Major

• Propriétés : Anti-inflammatoire, cicatrisant et antibactérien, le plantain est un allié précieux pour traiter les plaies, les piqûres d’insectes et les affections respiratoires.

• Symbolique : Représentant la résilience et la guérison, il pousse souvent dans des endroits perturbés ou piétinés, soulignant son rôle de restaurateur.

• Applications modernes : Feuilles fraîches appliquées sur les plaies ou décoctions pour calmer les irritations.

Cresson des prés (Lamb’s cress, Cardamine pratensis)

Cresson des prés – Cardamine pratensis

• Propriétés : Riche en vitamine C et en minéraux, il stimule le système immunitaire, purifie le sang et favorise la digestion.

• Symbolique : Symbole d’énergie et de vitalité, il était souvent utilisé pour redonner force après une maladie.

• Applications modernes : Ajouté aux salades ou utilisé en décoctions pour ses propriétés fortifiantes.

Camomille (Chamomile, Matricaria chamomilla)

Camomille romaine – Chamaemelum nobile
Camomille matricaire – Chamomilla matricaria

• Propriétés : Connue pour ses vertus calmantes, digestives et anti-inflammatoires, elle est idéale pour apaiser les maux d’estomac, les tensions nerveuses et les inflammations cutanées.

• Symbolique : Symbole de paix et de sérénité, elle est liée à l’équilibre émotionnel et au sommeil.

• Applications modernes : Infusions, crèmes apaisantes et soins pour la peau.

Ortie (Nettle, Urtica dioica)

Ortie – Urtica dioica

• Propriétés : Anti-inflammatoire, dépurative et reminéralisante, l’ortie est riche en fer, calcium, et vitamines. Elle est particulièrement utile pour renforcer les cheveux et purifier l’organisme.

• Symbolique : Représentant la force et la protection, elle était souvent utilisée dans des rituels pour éloigner le mal.

• Applications modernes : Soupe d’ortie, poudre pour fortifier les cheveux, ou infusion pour détoxifier l’organisme.

Pommier sauvage (Crab-apple, Malus sylvestris)

Pommier sauvage – Malus silvestris

• Propriétés : Antiseptique et purifiant, il est utilisé pour désinfecter les plaies et traiter les troubles digestifs. Ses fruits sont également riches en antioxydants.

• Symbolique : Symbole de purification et de transformation, il est souvent associé à la guérison intérieure.

• Applications modernes : Vinaigre de cidre, décoctions de feuilles ou baumes à base de pommier.

Cerfeuil (Chervil, Anthriscus cerefolium)

Cerfeuil – Anthriscus cerefolium

• Propriétés : Aide digestive, anti-inflammatoire et diurétique, il favorise l’élimination des toxines et apaise les troubles digestifs.

• Symbolique : Harmonie et équilibre, il est associé à la douceur et à la sagesse.

• Applications modernes : Consommé en tisane ou ajouté frais dans les plats pour une digestion légère.

Fenouil (Fennel, Foeniculum vulgare)

Fenouil – Foeniculum vulgare

• Propriétés : Stimulant digestif, antispasmodique et expectorant, il est très efficace contre les ballonnements, les coliques et les affections respiratoires.

• Symbolique : Associé à la vision claire et à la force intérieure, il était utilisé pour protéger contre les mauvais esprits.

• Applications modernes : Infusions de graines, huile essentielle pour massages ou inhalations.

Thym (Thyme, Thymus vulgaris)

Thym – Thymus vulgaris

• Propriétés : Antiseptique, purifiant et tonifiant, il est utilisé pour stimuler le système immunitaire, soigner les infections respiratoires et purifier l’air.

• Symbolique : Représentant le courage et la protection, il était brûlé dans des rituels pour purifier les lieux et l’esprit.

• Applications modernes : Tisanes, huiles essentielles ou vaporisations d’hydrolat.

| Un rituel de guérison ancestral

Le “Nine Herbs Charm” décrit un rituel où ces herbes sont préparées avec soin, mélangées avec du miel et des cendres, et accompagnées de paroles sacrées. Ces pratiques visent à restaurer l’harmonie entre le corps et l’esprit, à chasser les maladies et à invoquer la puissance protectrice d’Odin.

| L’héritage des Neuf Herbes aujourd’hui

Cette incantation nous rappelle que les plantes ne sont pas seulement des remèdes physiques : elles portent en elles une sagesse spirituelle et un lien intime avec la nature. Toujours utilisées en phytothérapie, ces herbes incarnent l’interconnexion entre les savoirs ancestraux et la médecine moderne.

En renouant avec ces pratiques, nous retrouvons une philosophie de vie où la nature est à la fois une alliée et une source d’inspiration.

| L’incantation & sa traduction

Page 160 – Harley 585 (Lacnunga)

Gemyne ðu, mucgwyrt, hwæt þu ameldodest, hwæt þu renadest æt Regenmelde. Una þu hattest, yldost wyrta. ðu miht wið III and wið XXX, þu miht wiþ attre and wið onflyge, þu miht wiþ þam laþan ðe geond lond færð.

(Rappelle–toi, Armoise, ce que tu as fait savoir, ce que tu as arrangé à la Grande proclamation. Tu étais alors appellée Una, la plus ancienne des herbes, Tu as le pouvoir contre trois et contre trente, Tu as le pouvoir contre le poison et contre l’infection, Tu as le pouvoir contre le fou répugnant qui vagabonde à travers les terres.)

Ond þu, wegbrade, wyrta modor, eastan openo, innan mihtigu; ofer ðe crætu curran, ofer ðe cwene reodan, ofer ðe bryde bryodedon, ofer þe fearras fnærdon. Eallum þu þon wiðstode and wiðstunedest; swa ðu wiðstonde attre and onflyge and þæm laðan þe geond lond fereð

(Et toi, Plantain, mère des herbes, Qui s’ouvre depuis l’Est, la grandeur incarnée, Par-dessus toi les chariots craquent, par-dessus toi les reines chevauchent, Par-dessus toi les mariées crièrent, par-dessus toi les bœufs renâclèrent. Tu leur résistes tous, tu tiens bon contre leurs assauts. Puisses-tu de la même façon résister au devant du poison et de l’infection Et contre le fou répugnant qui vagabonde parmi les champs.)

Stune hætte þeos wyrt, heo on stane geweox; stond heo wið attre, stunað heo wærce. Stiðe heo hatte, wiðstunað heo attre, wreceð heo wraðan, weorpeð ut attor. þis is seo wyrt seo wiþ wyrm gefeaht, þeos mæg wið attre, heo mæg wið onflyge, heo mæg wið ðam laþan ðe geond lond fereþ. Fleoh þu nu, attorlaðe, seo læsse ða maran, seo mare þa læssan, oððæt him beigra bot sy.

(Stune est le nom de cette herbe, elle grandit sur une pierre, Elle résiste au poison, elle se bat contre le poison Elle se nomme Ortie, elle attaque le poison, Elle rejette celui qui fait preuve d’hostilité, elle fait sortir le poison. C’est l’herbe qui a combattu contre le serpent, elle a le pouvoir contre les infections, Elle a le pouvoir contre le fou répugnant qui vagabonde le long des champs. Fais donc s’envoler, Venom-loather (Vipérine?), les poisons les plus grands Même si tu es un poison moindre, jusqu’à temps qu’il soit soigné des deux.)

Gemyne þu, mægðe, hwæt þu ameldodest, hwæt ðu geændadest æt Alorforda; þæt næfre for gefloge feorh ne gesealde syþðan him mon mægðan to mete gegyrede.

(Rappelle-toi, Camomille, ce que tu es censée savoir, Tout ce que tu as accompli à Aloford, Jamais un homme ne devrait perdre sa vie à cause d’une infection Après avoir eu de la Camomille comme aliment.)

þis is seo wyrt ðe wergulu hatte; ðas onsænde seolh ofer sæs hrygc ondan attres oþres to bote. ðas VIIII magon wið nygon attrum.

(Il s’agit de l’herbe qui est appelée « Wergulu » (nb: il s’agit du cresson d’eau). Un phoque l’a envoyée depuis l’étendue de la mer, En guise de barrière contre le poison, d’aide pour autrui. Elle se dresse contre la douleur, elle combat le poison,)

Wyrm com snican, toslat he man; ða genam Woden VIIII wuldortanas, sloh ða þa næddran, þæt heo on VIIII tofleah. þær geændade æppel and attor, þæt heo næfre ne wolde on hus bugan.

(Un ver vint en rampant, il ne tuait rien. Puis Woden (nb: le nom germanique d’Odin) prit neuf brins de gloire, Il frappa la vipère qui se scinda en neuf parties. Là la Pomme accomplit ce qu’elle devait faire contre le poison qu’ainsi Il [le grand serpent] ne puisse jamais entrer dans la maison.)

Fille and finule, felamihtigu twa, þa wyrte gesceop witig drihten, halig on heofonum, þa he hongode; sette and sænde on VII worulde earmum and eadigum eallum to bote. Stond heo wið wærce, stunað heo wið attre, seo mæg wið III and wið XXX, wið feondes hond and wið færbregde, wið malscrunge manra wihta.

(Cerfeuil et fenouil, duo de grande valeur, Ils furent créés par le Grand sage, Sacré au paradis alors qu’il se pendit: Il  les plaça et les envoya dans les sept mondes, Parmi les démunis et les fortunés, en guise d’aide pour tous. Ils se dressent contre la douleur, ils se battent contre le poison, Ils marchent tout aussi bien contre 3 et contre 30, Contre la main du fou et contre les nobles intrigues Contre les enchantements des viles créatures.)

Nu magon þas VIIII wyrta wið nygon wuldorgeflogenum, wið VIIII attrum and wið nygon onflygnum, wið ðy readan attre, wið ðy runlan attre, wið ðy hwitan attre, wið ðy wedenan attre, wið ðy geolwan attre, wið ðy grenan attre, wið ðy wonnan attre, wið ðy wedenan attre, wið ðy brunan attre, wið ðy basewan attre, wið wyrmgeblæd, wið wætergeblæd, wið þorngeblæd, wið þystelgeblæd, wið ysgeblæd, wið attorgeblæd,

(Maintenant les neuf herbes ont le pouvoir contre neuf esprits mauvais, Contre neuf poisons et contre neuf infections: Contre le poison rouge, contre le poison fou, contre le poison blanc, contre le poison bleu pâle, contre le poison jaune, contre le poison vert, Contre le poison noir, contre le poison bleu, contre le poison brun, contre le poison écarlate, contre les cloques de ver, contre les cloques d’eau, contre les cloques de dards, contre les cloques d’épine, contre les cloques de givre, contre les cloques de poison,)

gif ænig attor cume eastan fleogan oððe ænig norðan cume oððe ænig westan ofer werðeode. Crist stod ofer adle ængan cundes.

(Si un seul poison vient en volant depuis l’Est, Ou d’aucun venant du Nord, [ou d’aucun venant du Sud], Ou d’aucun venant de l’Ouest jusqu’aux gens. Le Christ se dresse contre les maladies de toute sorte)

Ic ana wat ea rinnende þær þa nygon nædran nean behealdað; motan ealle weoda nu wyrtum aspringan, sæs toslupan, eal sealt wæter, ðonne ic þis attor of ðe geblawe.

(Moi seul connais un courant bondissant. Et les neuf vipères s’éloignent de celui-ci. Que toutes les herbes germent depuis leurs racines, les mers se retirent, toute l’eau salée, lorsque je souffle ce poison hors de toi.)

Mugcwyrt, wegbrade þe eastan open sy, lombescyrse, attorlaðan, mageðan, netelan, wudusuræppel, fille and finul, ealde sapan. Gewyrc ða wyrta to duste, mængc wiþ þa sapan and wiþ þæs æpples gor. Wyrc slypan of wætere and of axsan, genim finol, wyl on þære slyppan and beþe mid æggemongc, þonne he þa sealfe on do, ge ær ge æfter. Sing þæt galdor on ælcre þara wyrta, III ær he hy wyrce and on þone æppel ealswa; ond singe þon men in þone muð and in þa earan buta and on ða wunde þæt ilce gealdor, ær he þa sealfe on do.

(L’armoise, le Plantain qui s’ouvrent depuis l’Est, le Cresson d’eau, la Vipérine, la Camomile, l’ortie, la pomme sauvage, le cerfeuil et le fenouil, du vieux savon; Broyez ces herbes jusqu’à obtenir une poudre, mixez-les avec le savon et le jus de pomme. Puis préparez une pâte avec de l’eau et des cendres, prenez le fenouil, mettez-le à bouillir avec la pâte et puis rincez-le avec un œuf battu , à la fois avant, et après avoir appliqué le baume. Chantez ce charme trois fois au-dessus de chacune des herbes avant de  les préparer, faites la même chose avec la pomme. Puis chantez le même charme au-dessus de la bouche de l’homme que vous voulez soigner, dans chacune de ses oreilles, puis sur la blessure, juste avant d’appliquer le baume.)

Et toi, quelle plante des Neuf Herbes Sacrées utilises-tu dans ton quotidien ? Partage ton expérience en commentaires et découvre nos prochains articles sur les secrets des plantes médicinales !

Chaleureusement,

Loïse 🦦

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